dimanche 18 novembre 2018

Les loyautés

de Delphine de Vigan,
paru en 2018, aux éditons JC Lattès

Résumé : "Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révèlerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ?"

"Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.
J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie."

Mon avis : Encore une fois Delphine de Vigan nous raconte une histoire avec des personnages (très) écorchés par la vie. Il s'agit d'un roman à quatre voix où au fil des chapitres s'alternent les récits et les vies des différents protagonistes : deux jeunes adolescents, Théo et Mathis, qui vont toujours plus loin dans l'interdit, une professeure qui se demande comment aider Théo à s'en sortir et la mère de Mathis qui doit faire face à ses problèmes à elle… 
Vous trouverez dans ce roman beaucoup de suspens, comme sait si bien le créer Delphine de Vigan, de l'émotion, de l'amitié et de la solidarité. 
Bref, je n'en dirai pas plus sur ce roman qui est bluffant par son efficacité. Lisez-le ! 

mardi 13 novembre 2018

Mercredi c'est papi !

d'Emmanuel Bourdier,
paru en 2018, aux éditions Flammarion Jeunesse
Résumé : Le mercredi après-midi, c’est chez papi et mamie, et c’est un peu l’enfer aussi. Il n’y a pas Internet, et seulement trois BD un peu moisies.
— Je m’ennuie.
— Mais non mon roudoudou. On ne s’ennuie jamais à ton âge. Va voir papi.
— Non. Papi, il est aux fraises.
— Pas du tout ! Il est aux
haricots. Va le voir, ça lui fera plaisir.
Papi est bien aux fraises. Être aux fraises, c’est perdre la boule, avoir des courants d’air entre les deux oreilles, yoyoter du citron. »
Et pourtant, pour Simon, le mercredi avec papi va devenir immanquable !

"Moi, j’ai encore pleins de choses à apprendre sur ta vie d’avant. Car tout est vrai, je le sais, tu as été tout ça, sinon la vie est trop triste. Avec toi, on n’a pas besoin de livres. Tu les écris avec ta bouche ! Quand tu racontes, on dirait que tu tournes des pages magiques. Il n’y a que toi qui sait faire ça."

Mon avis : Ce petit livre est une très belle déclaration d'amour d'un petit garçon à son grand-père atteint de la maladie d'Alzheimer. Tous les mercredis, Simon est gardé par ses grands-parents un peu has-been à son goût. Petit à petit, ce dernier va se rendre compte que son grand-père à un tas d'histoires à lui raconter, toutes plus merveilleuses les unes que les autres, mais qu'il est aussi rapidement rattrapé par la maladie… Un court roman à mettre entre toutes les mains.

L'aube sera grandiose


d'Anne-Laure Bondoux,
paru en 2017, aux éditions Gallimard Jeunesse
Résumé : Ce soir, Nine, seize ans, n'ira pas à la fête de son lycée. Titania, sa mère, en a décidé autrement. Elle embarque sa fille vers une destination inconnue, une cabane isolée, au bord d'un lac. Il est temps pour elle de lui révéler l'existence d'un passé soigneusement caché. Commence alors une nuit entière de révélations...
Qui sont Octo, Orion et Rose-Aimé ? A qui appartient cette mystérieuse cabane ? Et ce vélo rouge, posé sous l'escalier ?
Au fil d'un récit souvent drôle, parfois tragique et bouleversant, Nine découvre un étonnant roman familial.
Quand l'aube se lèvera sur le lac, plus rien ne sera comme avant.

" Toutes les mères de l'univers ont sans doute une vie secrète, des activités à elles, des amis ou des collègues dont elles ne parlent jamais, des rêves enfouis, des soucis qu'elles dissimulent. Des amants, parfois. "

Mon avis : Véritable coup de cœur pour ce magnifique roman d'Anne-Laure Bondoux. L'auteur nous entraîne dès les premières lignes dans les confessions d'une mère à sa fille, au bord d'un mystérieux lac. Le lecteur est totalement envouté par cette histoire de famille drôlement bien ficelée. Il ne manque rien à ce roman : vous y trouverez de l'amour, de l'amitié, de la solidarité, de la peur mais aussi beaucoup de suspense. L'écriture est fluide et donne l'envie au lecteur de continuer le récit jusqu'à l'aube… qui sera forcément grandiose !

mercredi 7 novembre 2018

Rouge

de Mathieu Pierloot,
paru en 2017, aux éditions Thierry Magnier
Résumé : Seymour sent bien qu’il n’est pas comme les autres. Il n’aime pas se battre, il déteste la viande crue. Alors il s’en va loin, très loin. Il se réfugie dans une maison vide et apprend à vivre seul. Jusqu’à l’arrivée de Rouge. Muette et mystérieuse, la petite fille s’installe dans la vie de Seymour. Les années passent et Rouge grandit…

"Quand on part, il ne faut pas se retourner. On marche droit devant, le regard rivé sur les arbres qui défilent, sur le soleil qui tarde à se lever, sur la nouvelle vie qui nous tend les bras. Quand on part, il ne faut pas pleurer."

Mon avis : Cette petite histoire est vraiment magnifique. Il s'agit d'une réécriture du conte de Petit Chaperon rouge qui parle de la maltraitance envers les enfants, de différence et surtout d'amitié. Bien qu'il soit adressé à un jeune public, ce livre peut être destiné aussi aux adultes qui auront certainement une interprétation différente. A lire !

mardi 6 novembre 2018

Le mystère de Lucy Lost

de Michael Morpurgo,
paru en 2014, aux éditions Gallimard Jeunesse
 Résumé : Mai 1915...
Sur une île de l'archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu'un seul mot : Lucy. D'où vient-elle? Est-elle une sirène ou, plutôt comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des Allemands ?
De l'autre côté de l'Atlantique, le Lusitania, l'un des plus rapide et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New-York. A son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s'apprête a rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre…

"Nous venons tous de quelque part. Moi, d'une certaine façon, je ne viens de nulle part. Laissez-moi m'expliquer. Ma grand-mère a simplement surgi de la mer, il y a longtemps, comme une sirène, sauf qu'elle a deux jambes et pas de queue de poisson. Elle devait avoir une douzaine d’années a l’époque , mais personne n'en été sur, car aucun signe n’indiquait qui elle était, ni l'endroit d’où elle venait. Elle était a moitié morte de faim, égarée par la fièvre, et ne pouvait prononcer qu'un seul mot : "Lucy"."
 
Mon avis :  Il s'agit du premier roman de Michael Morpurgo que je lis et certainement pas le dernier ! L'écriture est fluide et emporte totalement le lecteur sur les îles Scilly. Même si le livre est assez épais, l'histoire se lit assez vite, tellement on veut savoir ce qu'il va advenir de Lucy.
Il s'agit certes d'une histoire romancée, mais cette dernière est basée sur des faits historiques à savoir le naufrage du Lusitania. A la fin du récit quelques pages expliquent ce qu'il en est réellement.
Véritable chef d'œuvre, ce roman a reçu le Prix Sorcières.

lundi 5 novembre 2018

13 reasons why

de Jay Asher,
paru en 2017, aux éditions Hachette Jeunesse
Résumé : Clay reçoit treize cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu’'elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes impliquées dans sa vie : amies ou ennemies, chacune de ces personnes a compté dans sa décision. D'’abord choqué, Clay écoute les cassettes en cheminant dans la ville. Puis, il se laisse porter par la voix d Hannah. Hannah en colère, Hannah heureuse, Hannah blessée et peut-être amoureuse de lui. C'’est une jeune fille plus vivante que jamais que découvre Clay. Une fille qui lui dit à l'oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer….
 
"J'espère que vous êtes prêts, parce que je vais vous raconter l'histoire de ma vie. Ou plus exactement, la raison pour laquelle elle s'est arrêtée. Et si vous êtes en train d'écouter ces cassettes, c'est que vous êtes l'une de ces raisons."
 
Mon avis : Curieuse de découvrir cette histoire qui a fait l'objet d'une série sur Netflix, j'en garde un avis mitigé. L'alternance des récits entre le moment où Clay écoute les cassettes et ce qui est dit sur les enregistrements est bien conçu. J'ai trouvé par contre un peu flou cette accumulation de problèmes et les personnages assez nombreux qui reviennent régulièrement et ont tendance à perdre le lecteur.
Je suis contente d'avoir découvert cette histoire mystérieuse mais déçue par l'enchaînement parfois invraisemblable des évènements.
 

Les couleurs de l'incendie

de Pierre Lemaître,
paru en 2017, aux éditions Albin Michel
Résumé : Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.

"Il arrive que des hommes aux idées courtes deviennent grands lorsque les circonstances s'y prêtent. "


Mon avis : Les Couleurs de l'incendie est la suite d'Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013. On retrouve quelques personnages de la première histoire. Ce second tome est centré sur celui de Madeleine Péricourt, la sœur d'Edouard, qui se retrouve seule à la tête de la fortune familiale. Une fois de plus, le travail de recherche de l'auteur est à saluer. Ici, le lecteur est propulsé dans l'entre deux guerres avec les placements en bourse et la crise économique de 1929 qui se prépare, puis dans un second temps la montée des fascismes et de l'antisémitisme. 
Entre tromperie et vengeance, ce roman entraîne le lecteur au cœur des années folles. On attend avec impatience la fin de la trilogie.  

Celle qui fuit et celle qui reste

d'Elena Ferrante,
paru en 2017, aux éditions Gallimard
Résumé : Après L’amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est la suite de la formidable saga dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne et d’amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila.
Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix.
Celle qui fuit et celle qui reste n’a rien à envier à ses deux prédécesseurs. À la dimension historique et intime s’ajoute même un volet politique, puisque les dix années que couvre le roman sont cruciales pour l’Italie, un pays en transformation, en marche vers la modernité.

" Ce qu'il fallait faire, c'était s'en aller. Partir définitivement, loin de la vie que nous avions connue depuis notre naissance. S'installer dans un lieu bien organisé où tout était vraiment possible. Et en effet, j'avais décampé. Mais seulement pour découvrir, dans les décennies suivantes, que je m'étais trompée, et qu'en réalité nous étions prises dans une chaîne dont les anneaux étaient de plus en plus grands : le quartier renvoyait à la ville, la ville à l'Italie, l'Italie à l'Europe, et l'Europe à toute la planète. Et aujourd'hui, c'est ainsi que je vois les choses: ce n'est pas notre quartier qui est malade, ce n'est pas Naples, c'est le globe tout entier, c'est l'univers, ce sont les univers! Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses."

Mon avis : Une nouvelle fois j'adhère complètement à cette histoire, à ces personnages, à cette écriture et bien sûr à cette auteure.
On retrouve Helena dans sa vie de femme, écrivaine, épouse, mère et amie. L'auteur arrive à montrer les questionnements, les faiblesses, les tourments, les bonheurs de son personnage principal, tout en dépeignant une fois de plus les luttes politiques dans cette Italie des années 70.
Le personnage de Lila apparaît moins dans ce tome, bien que la majeure partie de l'intrigue tourne autour d'elle. Son intelligence est une fois de plus soulignée de même que la brutalité de son environnement.  
Vivement la lecture du tome 4 pour savoir ce qui attend les deux amies !